Commune
de Taverny, nous sommes dans le Val-d’Oise, à une trentaine de
kilomètres de la capitale française. Dans cette ville de 26 708
habitants, se dresse,à la grandeur de l’Islam,
une vaste demeure de 3 800m2 entièrement dédiée à Allah. Ancien foyer
éducatif -qui a cessé ses activités en 2001 pour être délocalisé à
Franconville-, l’ex-bâtisse de la Ddass est aujourd’hui devenue la
grande Mosquée de France, mais aussi la «maison de Sérigne Touba» dans
le département du 95.
Ici, malgré le
froid qui s’abat sur toute l’Europe, se sont réunis, depuis deux jours,
de nombreux musulmans venus de toutes les communes de France et au delà
pour témoigner leur gratitude à un serviteur émérite de Bamba : le
vénéré Cheikh Saliou Mbacké. En ce jour de commémoration du départ à
l’exil d’Ahmadou Bamba Mbacké, une conférence sur le Mouridisme et son
enseignement a été organisée par le Centre culturel islamique. Devant
plus de 300 personnes (nourries gratuitement pendant deux jours) en
présence du préfet du département, du maire Maurice Boskaver et de
l’attaché culturel de l’ambassade d’Iran, M. Abdallah Sahmi -un tunisien
de 49 ans- et ses camarades ont débattu de l’Islam à travers le
Mouridisme. Ayant vécu 13 années à l’ombre de Sérigne Saliou, le mouride
tunisien a tenu à expliquer à l’assistance toute la portée de
l’enseignement du saint homme. Comme lui, l’Imam Cheikh Sango Ntchara
Mamadou, 65 ans, président du Conseil islamique de France et Camerounais
d’origine, n’a pas été avare en superlatif pour magnifier ce jour
«dédié à un combattant de l’Islam, une fierté pour l’homme africain :
Khadimoul Khadim». Si ce Camerounais de naissance en est arrivé à faire
siens les enseignements du Serviteur du Prophète (PSL) et à clamer, haut
et fort, être «le porte-flambeau du Sénégal en France», c’est qu’il lui
est arrivé une de ces histoires extraordinaires qui n’arrivent qu’une
seule fois dans la vie d’un homme et que l’on garde en mémoire durant
toute son existence.
«On priait dans des caves de sous-sols, des garages»
Et
il n’a jamais cessé de la narrer avec la fierté de l’homme comblé. Dans
cette ville où toutes les communautés religieuses disposaient d’un lieu
de culte, les Musulmans étaient les seuls à faire recours aux caves des
sous-sols et garages pour pratiquer et s’acquitter de leur devoir de
prières quotidiennes. Leurs enfants n’avaient aucune école pour
apprendre le Coran, les Musulmans ne se voyaient qu’en petits groupes et
les non- Musulmans les regardaient avec méfiance. Alors, pour sortir de
la clandestinité, le Conseil islamique a demandé au maire de la commune
de mettre à leur disposition un terrain pour en faire un lieu de culte.
«C’était en 2001, se souvient l’Imam, et le maire Maurice Boskaver
m’avait appelé dans son bureau pour me faire part de la vente de
l’ancienne maison de la Ddass. «Si vous parvenez à l’acheter, vous
pourrez en faire une mosquée», m’avait-il dit.» Comme depuis la loi de
1905 -la loi sur la laïcité qui a proclamé la séparation de l’Eglise et
de l’Etat- l’argent public n’entre plus dans la construction et la
gérance des lieux de culte, il lui fallait trouver des mécènes pour
l’acquisition du bâtiment.
«Saoudiens et Emiratis ont dit non, Cheikh Saliou a dit oui»
Sa
petite communauté a mis la main à la poche, mais les 30 millions de
FCfa qu’elle a réussis à mettre en place paraissaient dérisoires, au vu
des 300 millions demandés par le vendeur. «C’est ainsi qu’on a fait le
tour du monde pour chercher des financements, se souvient l’Imam, mais
les Saoudiens et les Emiratis qu’on a rencontrés ont refusé de donner
leur argent.» Déboussolé, l’Imam était à deux doigts de jeter l’éponge,
lorsque -par la grâce d’Allah- un Sénégalais, Cheikh Lamine Ndiaye, lui
conseilla d’aller au Sénégal voir un bienfaiteur nommé…Cheikh Saliou
Mbacké, al-khafizoullah. «C’était impensable, avoue-t-il, je n’imaginais
pas que je puisse avoir quoi que ce soit dans un pays aussi pauvre que
le Sénégal.» Malgré ses nombreuses hésitations, l’Imam finit par se
convaincre à faire le voyage en compagnie d’un certain Pape Dieng,
actuellement en poste à la Présidence la République du Sénégal. «Je
n’avais jamais entendu parler du Khalife général des mourides avant et
rien ne prédestinait que je devais rencontrer un jour cet homme.» Mais
les voies du mystère étant insondables, la rencontre avec Cheikh Saliou
finit par se faire un jour. Souleymane Diouf, Moustapha Yassine et
Atoumane Diagne, Hitzbutarkya, étaient de l’entrevue.
«Même si la maison coûtait 2 milliards, je l’achèterai»
«Quand
nous lui avons exposé le problème, il nous a demandé ce que nous
comptons réellement faire de cette maison. Nous avons répondu que nous
comptons en faire un lieu où nous pourrions pratiquer notre culte,
pouvoir donner à nos enfants un endroit où ils apprendraient le Coran et
permettre aux non- Musulmans d’y rencontrer les Musulmans et de faire
la connaissance de l’Islam», se remémore l’Imam, un brin nostalgique.
Alors, à cet effet, le marabout répondit : «Même si elle coûtait 2
milliards, je l’achèterai.» Pour montrer son intérêt pour l’acquisition
de cette demeure, le saint homme offrira 10 millions de FCfa à ses
hôtes, en guise de bienvenue, pour rembourser leurs frais de voyages. À
peine ont-ils quitté le Sénégal, l’Imam et ses coreligionnaires ont été
surpris de voir que les envoyés spéciaux du vénéré Cheikh étaient
déjà-là, en France. L’achat de la maison se fit cash devant un notaire.
Et depuis ce jour, en plus de l’Imam, de nombreux Musulmans sont devenus
de fervents mourides et ne témoignent que de la sainteté de Cheikh
Saliou. Convenablement à ses vœux, les jeunes viennent ici étudier le
Coran, les Musulmans y prier et les non- Musulmans s’y informent sur
l’Islam. En cette période trouble où l’Islam, en France, est confondu au
terrorisme et les Musulmans à des étrangers, les fidèles de Keur
Sérigne Touba, eux, passent, aux yeux des Tabernaciens, pour «de bons
citoyens Français».
Serigne Saliou moye yalla sounou borom il est l'absolu
RépondreSupprimerDEUG LEU
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